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Affiches politiques mondiales |
Type de trace : livre |
date de parution : octobre 1996 |
Ce fut une commande. Il y eut même une édition France Loisirs. J'étais très réticent, car je déteste revenir sur des sujets anciens. Pour écrire, j'aime être en danger et découvrir. Répéter m'use et peut me laisser totalement paralysé. Mais j'ai trouvé des pièces de tous les continents et j'aime bien un résultat qui n'a pas d'équivalent. Encore une fois, aucune traduction. |
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Les Sixties |
Type de trace : livre et expo, France et Grande-Bretagne |
date de parution : 1996 |
J'étais en pleine campagne pour le musée du XXe siècle. La semaine avant le vernissage, le British Council m'annonce qu'il ne donne plus ses subventions. Il a fallu porter cette opération à bout de bras. Les Sixties n'étaient pas encore à la mode (considérées comme baba-cool ridicules). Je défendais le Pop Art anglais et particulièrement Hamilton, qui est un grand monsieur. Je défendais la figuration narrative française (Erro, Rancillac, Cueco, Klasen, Raysse, Fromanger, Monory...) Je défendais la bande dessinée française, Fred, Pellaert, Forest, Giraud-Moebius, Bretécher, Gotlib, Wolinski, Gébé, Reiser... Plossu me passait des photos de ses errances. Il y avait la moitié de spécialistes anglais, un livre en anglais, un festival à Londres et l'expo allait au Musée d'art moderne de Brighton. Je mêlais la musique, les Shadoks, Steadman, le mobilier de Panton, le feuilleton Le Prisonnier, Archigram, les happenings, Godard ou les photos de Blow-Up d'Antonioni. Il y eut une grande fête avec les artistes dans l'atelier de Belleville et à Brighton. Depuis, j'aime toujours ces personnages mais vomis la sous-sauce commerciale sixto-seventies qu'on nous sert. le Centre Pompidou se penchera avec retard sur le sujet. |
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Où va l'histoire de l'art contemporain ? |
Type de trace : colloque international et livre |
date de parution : février 1995 |
Yves Michaud aux Beaux-Arts nous accueille. Laurence Bertrand Dorléac et Gérard Monnier ont l'idée de cette réflexion internationale. Serge Guilbaut à Vancouver nous aide. L'Image assure le suivi. Je me réjouis de montrer aux Nord-Américains des Africains qu'ils découvrent. Installation La Ronde de Nuit de Lewis Baltz en couverture. Des femmes, des Blacks, des Indiens, Pierre Restany et Michel Thevoz, Marcia Tucker ou Tomas Crow, Werner Hofmann ou Rosalind Krauss, Jorge Coli ou Yacouba Konate... Un sacré bilan à l'heure où la planète art explose. |
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Toporanapoli |
Type de trace : exposition et livre |
date de parution : 1995 |
J'étais révolté contre la condescendance française vis-à-vis de Roland Topor, vu comme touche-à-tout mineur (mieux apprécié en Allemagne). Cette exposition napolitaine m'a permis de passer des nuits et des jours avec Roland en fouinant dans tous les tiroirs de la rue Boulainvilliers. J'ai conçu (voir l'esquisse de maquette au-dessus des photos de nous deux à Naples) le concept d'un dictionnaire, pour affirmer tous les aspects de son travail. Je voulais agir avec sérieux pour défendre un esprit subtil, un personnage exigeant, un écrivain précis comme Kafka. Nous avons déjeûné de crèpes fines à la peau de canard laqué et de vin. Nous avons fini des nuits près du Cirque d'Hiver. Nous avons pensé le désordre avec les carreaux froids d'un Mexicain à 4 heures du matin. Par hasard, au vernissage de Naples, il y avait Jorge Semprun invité par Jean-Noël Schifano et, avec Topor (et Christian qui avait scénographié l'expo), nous avons parlé longuement de Picasso sur lequel je travaillais et dont j'avais entretenu le rugueux Pierre Daix. De camps aussi (c'était ma grande manifestation de l'année au Musée d'histoire contemporaine). Je présenterai, mais après sa mort, le travail graphique de Topor à Lisbonne, en écrivant un catalogue jamais paru. Michel Pierre, venu au vernissage, me parle d'Hugo Pratt, que je n'aurai jamais la chance de rencontrer, à mon grand regret et malgré plusieurs occasions successives. Retour amer à Paris avec Christian, où nous perdons à jamais des tirages photographiques grand format de nos installations scénographiques antérieures pour les Peintres d'Histoire. |
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L'Image "Les foules" |
Type de trace : revue livre bilingue |
date de parution : novembre 1995 |
Pourquoi "l'image" et pas "les images" ? A cause probablement de la force magique contenue dans ce mot générique. Image anagramme de magie. La revue sera diffusée par la SODIS (Gallimard) en France et Harvard aux Etats-Unis. Je l'ai voulue bilingue. Nous avons de beaux noms en parrainage (Agulhon, Debray, Ferro, Haskell, Hofmann, Jeanneney, Melot, Pomian...) J'ai une tendresse particulière pour Francis Haskell avec qui j'errerai, seuls avec son épouse, dans le cimetière aux sculptures des écuries du château de Versailles. J'aimais tant ses approches subtiles sur les modes du goût. Dans le comité éditorial, les amis fidèles : d'Almeida, de Baecque, Bertrand Dorléac, Buton, Delporte, Dogliani, El Kenz, Krumeich, Scott... Fréchuret nous parlait de Giacometti et Hofmann de Duchamp. Je travaillais sur de l'analyse télévisuelle concernant la fonction du public dans les émissions trash des Etats-Unis et en France. Montanari nous parlait des territoires virtuels. Pour la première fois, toute la production visuelle était envisagée, de plus avec pluridisciplinarité. J'ouvrais avec "Les images contre les images", stigmatisant déjà la circulation indifférenciée des icônes. Belle oeuvre en regard de Louis Rollinde sur le pélerinage à La Mecque. |
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plage anglaise |
Type de trace : photo |
date de parution : 1995 |
Voilà une trace indéfinie. Plage anglaise probablement visitée avant ou après l'exposition sur les Sixties en 1996. Cela fait partie de ces très nombreux voyages entrepris depuis les années 1970, seul, en famille, avec Christian. Dérives dans de nombreux pays. Explorations proches ou lointaines, où le décalage peut être aussi brutal en faisant crisser du Stilton et des kippers entre les dents au breakfast à Whitby, que dans une fazenda brésilienne. |
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Déportation |
Type de trace : livre et exposition |
date de parution : 1995 |
Voilà un moment important. J'ai eu le privilège de travailler avec François Bédarida, de parler avec Geneviève de Gaulle et Germaine Tillon, de retrouver le général Saint-Macary. Nous sommes allés en Allemagne avec Bédarida, avons organisé la première manifestation franco-allemande sur ce thème, visité des camps. Les survivants nous ont dit que le meilleur moyen de combattre le révisionnisme était de dire tout : l'horreur fut suffisante pour n'avoir besoin de rien cacher, ni d'augmenter les chiffres. Le temps de l'histoire était venu. Ainsi, nous avons parlé de la correspondance entre camps, nous avons dit que tous n'étaient pas des camps d'extermination. J'ai travaillé longuement sur les représentations contemporaines ou postérieures. J'interrogerai mon ami Boris Taslitzky. Simone Veil inaugurera la manifestation. Nous parlerons et je ne l'oublierai pas. A sa demande, plus tard, je ferai partie du Conseil scientifique de la Fondation pour la mémoire de la Shoah. Avec François Bédarida, nous aurons des discussions passionnantes et conniventes sur les dangers de l'instrumentalisation de l'histoire. Autant toute trace d'antisémitisme doit alerter, car c'est de toute façon le signe avant-coureur d'autres exclusions, autant tout communautarisme exclusif se servant d'un drame de l'histoire risque de se retourner contre ceux-là même qui en jouent. Je garde un grand respect pour Simone Veil et la rigueur intellectuelle de François Bédarida me manque (et son exceptionnelle épouse aussi). Il fera preuve ensuite de gestes d'amitié courageux envers moi et mes recherches, jusqu'à sa mort brutale. |
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Rêver demain. Utopies, science-fiction, cités idéales |
Type de trace : expo et livre |
date de parution : octobre 1994 |
Avec Thierry Paquot et Yolène Dilas, voilà une manifestation restée confidentielle. Et pourtant, elle vient du plus ancien de mes intérêts pour tous les utopistes du XIXe siècle : la prescience d'un temps libertaire inachevé, à remettre en route après les horreurs du XXe siècle. Claude Baillargeon invente l'image, qui dérange. Plus tard, j'aiderai l'exposition de la Bibliothèque nationale de France et de la New York Public Library sur les Utopies. Je visite le Familistère de Guise et aime les expériences qui fonctionnent (à Berlin ou au Danemark), les bâtisses (la Saline de Ledoux) qui s'érigent. Il faut remettre en route l'énergie quotidienne et la pensée mobilisatrice, sans illusions mais avec passion. Relancer le mouvement transformateur dans une atmosphère alors aberrante, "post-moderniste" de fin de l'histoire résignée. Personne ne s'y intéressa. Elle fut nécessaire, prophétique sûrement. |
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Affaire Dreyfus |
Type de trace : exposition et livre |
date de parution : avril 1994 |
C'est décourageant. Je fatigue. Il y a tellement de choses dans une année comme 1994. Sciant de se raconter et tant d'oublis aussi. J'ai connu mon affaire Dreyfus, quand le gouverneur des Invalides a interdit l'exposition en plein conseil d'administration du Musée de l'Armée, dont j'étais membre (nommé par Pierre Joxe, ministre de la Défense). Je pensais l'Affaire oubliée et m'intéressais à ce "tournant du siècle" si fertile avec mon ami Christophe Prochasson. Nous avions entraîné dans l'aventure (et dans le désordre) Michel Winock, Pierre Nora, Madeleine Rebérioux, Gérard Noiriel, Christophe Charle, Jacques Julliard, Pascal Ory, Maurice Agulhon, Pierre Birnbaum, Vincent Duclert, Philippe Dagen, et tant d'autres... Important ouvrage sur un moment si particulier (j'irai plus tard dans l'île du Diable). Joseph Hue, Directeur de la BDIC pendant toutes ces années, n'y croyait pas. Mais tout s'est vendu en 15 jours. François Léotard (ministre de la Défense alors), sentant le scandale, a limogé plusieurs militaires et le gouverneur en grande tenue était au vernissage. Conférence (pleine à craquer) au Musée d'Orsay sur dessin de presse et antisémitisme. J'avais demandé à mon ami Roman Cieslewicz de faire à nouveau une image pour le musée (Jean-Paul Bachollet, ex-Grapus, m'avais signalé sa situation financière difficile et son absence de commandes). J'aimais beaucoup Roman ce Kamikaze. Nous déjeunions rue du Dragon à l'italienne près de Penningen où il enseignait et fus dans le jury de sortie à sa demande. Une hémiplégie l'avait alors frappé mais il résistait avec Chantal à Malakoff. J'ai toujours aimé parler de choc d'images avec Roman. |
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analyses d'images |
Type de trace : livre |
date de parution : avril 1994 |
J'avais le choix : faire une thèse ou un livre. J'ai choisi le livre, même si Marc Ferro me poussait aussi à l'habiller en thèse. Ceci n'est pas la première édition (elle est enfouie chez moi et j'ai la flemme de chercher). On doit être à la cinquième version. L'éditeur y croyait moyennement (pas de filière, pas de public, pas de matière spécifique...) J'ai toujours fait des livres qui n'avaient aucun rayon en librairie. C'est terrible. Même mes amis n'en voyaient pas l'intérêt (pas chic, trop pédago et pratique...) Ce fut un très gros travail. J'ai fait des conférences aux Etats-Unis ou en Allemagne, où rien de semblable n'existe. Désormais, des traductions commencent. Mais être atypique et pluridisciplinaire se paie cher et longtemps. Par parenthèse, je proposais à Jean-Marie Cavada, président de La Cinquième (chaîne de télévision) naissante et censée être pédagogique, une émission de décryptage d'images de tous types. J'eus un coup de fil en mon absence (Noël 1994), puis plus rien et découvris "Arrêt sur images" de Daniel Schneiderman quelques mois après. J'écrivis à Cavada, pour recevoir une réponse embrouillée, gênée. Là, je compris la confiscation absolue par les journalistes de l'outil télévisuel. Deux autres expériences cuisantes, totalement semblables, suivirent à quelques années de distance. A la télévision désormais --contrairement aux débuts--, les journalistes parlent aux journalistes, même pour de la vulgarisation. Le spécialiste est un pantin non-payé, faire-valoir instrumentalisé et considéré comme emmerdant par principe. Nulle étonnement que la population, lorsqu'elle connait bien une question, soit totalement affligée par la manière dont elle est relatée. |
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