19 : 10 : 12

LES IMAGES MENTENT ?

LES IMAGES MENTENT ?
Au BAC à Saint Nazaire et bientôt en live à Hong Kong !

allez voir : EXPO AU BAC / LES IMAGES MENTENT
http://www.facebook.com/events/449137028462792/
Par : Raf Templier

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15 : 10 : 12

Moving Signs / Des signes mutants

L'expo "Les images mentent ?" est à Saint-Nazaire dans une galerie d'art contemporain. Bientôt, je serai à Hong Kong, Macao et Canton pour des conférences en passant certains de mes films. A cette occasion, des signes ont été créés pour être choisis et tirés en grand (installations urbaines, affiches) ou en petit (badges, autocollants), en sérigraphie sur toiles pour galeries et lieux publics ou pour circuler sur le Net.

Cliquez sur le petit signe qui clignote sur ce site et copiez-les. Free copyrights ! Entamons le temps de la générosité. Provoquons la réflexion. Retournons à la base.

Faites savoir et envoyez !

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10 : 10 : 12

Le ras-le-bol des savants et des créateurs

Nous relayons ci-dessous l'Appel pour la défense des savoirs (et des savoir-faire). Vous pouvez le soutenir en faisant circuler les petits signes fournis par ce site lorsqu'on clique sur le dessin qui clignote : les envoyer par le Net, en faire des badges, autocollants, images monumentales, affiches, installations artistiques ou interventions dans l'espace public... A Saint-Nazaire ou à Hong Kong. Il est temps d'enrichir nos débats trop hexagonaux, de rester dans une logique de transformations, de rééquilibrer la visibilité sociale et de repenser nos repères et nos valeurs.

Appel

à la Résistance des savoirs

En regardant (en 2012) le sommaire de la nouvelle émission culturelle de France 2 intitulée « Grand public », nous pouvons comprendre deux phénomènes lourds actuels qui consistent dans la déculturation et l’acculturation. Ce sommaire en effet, pour une émission de deuxième partie de soirée sur le service public, n’annonçait que des « people » passant en boucle sur toutes les autres chaînes. La commercialisation de vecteurs liée à leur multiplication en nombre a abouti à une offre en fait de plus en plus réduite : plus il y a de chaînes, plus elles se singent. La quantité n’est pas la diversité. Faut-il pour autant tomber l’aigreur et se replier sur quelques casemates de bien-pensance où « nous sommes entre nous » ? Sûrement pas.

La dévalorisation, la déqualification touche certes tous les milieux. Mais la résistance est aussi le fait de tous les milieux. Voyons d’abord le versant noir de l’affaire. La télévision reste l’emblème de l’écroulement culturel avec son public captif vieillissant. Le personnel politique parallèlement affiche des certitudes à mesure que son ignorance croit, en confondant la notion de populaire avec celle de simpliste (la génération « vu à la télé »). Les médias se copient les uns les autres dans une image du public de plus en plus trash et nombriliste. Les scientifiques se vendent à des firmes ou se mettent à faire du journalisme de bas étage. Les créateurs se transforment en lobbyistes de PME cherchant à épater les riches, à devenir des fonctionnaires culturels à vie ou à faire des produits marketing mainstream.

Et pourtant. Et pourtant, il existe quelques activistes rares du savoir et de la culture dans les télévisions (pas seulement sur Arte). Des élus ont un réel intérêt pour la création en marche et une connaissance ancrée du passé. Des journalistes se battent pour fournir des repères honnêtes et défendre des réflexions critiques. Des scientifiques restent à jamais dans l’ombre pour maintenir la rigueur de leurs recherches malgré le pillage sans citation de leurs collègues ou leur mépris. Des créateurs de toutes générations continuent dans un quasi anonymat et souvent de micro-publics leur voie singulière.

Alors, la Résistance des savoirs ne doit pas être celle d’une corporation contre une autre. Elle traverse les générations, comme elle traverse les opinions, comme elle traverse les spécialités. La responsabilité de l’écroulement est collective. L’énergie du redressement doit être collective. Elle nécessite comme préliminaire de sérier les notions de déculturation et d’acculturation. Si la notion de culture est cantonnée à la musique dite « classique » et celle de savoir à la physique et aux mathématiques, l’affaire est définitivement perdue. « Cultures de tous, cultures pour tous » constitue le seul axe possible pour la transformation des points de vue. Cultures de tous, car –sans pour autant les mélanger—désormais les individus aux identités imbriquées que nous sommes reçoivent simultanément des jeux vidéos ou la Joconde devenue image. Ouvrir à ces formes culturelles variées (de la gastronomie à la photographie, de la musique dite « classique » à la bande dessinée…) n’est pas les confondre mais affirmer la légitimité et les spécificités de chacune.

« Cultures pour tous » induit d’avoir le véritable souci d’une diffusion large pour tous les publics. C’est là qu’intervient la volonté d’un mélange des consommateurs-acteurs. Il importe pour cela d’abord de sortir d’une vision à la Guy Debord –celle de l’ère télévisuelle—des spectateurs-consommateurs passifs. Au temps d’Internet, beaucoup de consommateurs sont également des acteurs, des acteurs de millions de micro-initiatives, des acteurs d’ailleurs aussi par leurs choix de consommation, ce qui fait vivre par exemple ces petites scènes dites alternatives. Ne craignons plus parallèlement la défense de micro-traditions ou savoir-faire, à partir du moment où la démarche est choisie dans un esprit de tri rétrofuturo (ce qui est gardé et là où il faut innover). Ce n’est pas du poujadisme réactionnaire mais la base d’une structure de petits pôles d’excellence en réseaux.

Ainsi, la mise en valeur dans des plateformes régionales et nationales (pour un indispensable retour au local), manière de revivifier la démocratie de proximité, est le seul moyen d’agréger les énergies et de redonner le sentiment d’avoir prise sur son quotidien. Les élus –harcelés par les quémandeurs et les lobbys de toute sorte—comme les technocrates, formés à la dimension macro de l’économie ou de l’administration, ont peur des citoyens qu’ils ne considèrent que comme source de revendications. Ce faisant, ils passent à côté des énergies créatrices dans tous les domaines, des PME à toute cette économie de la gratuité rassemblant les générations.

De surcroît, par un de ces étranges paradoxes, les applicateurs, les techniciens ont pris le pouvoir --quand bien même ils se trompent et se contredisent, sans être publiquement décrédibilisés--, alors que les stratèges (visionnaires politiques, philosophiques, scientifiques) sont relégués au placard et montrés comme de doux illuminés (quand l’invisibilité totale n’est pas leur lot). Avec la sondagite et l’électoralisme démagogique lié au news market, la tactique prime sur la stratégie pour des objectifs fondés sur des intérêts à courte vue. Les deux catégories sont pourtant utiles à la société, mais dans un rapport d’autorité inverse : la stratégie détermine les tactiques.

Dans ce même souci de travail de fond, contre l’acculturation et la déculturation, il importe bien sûr également d’insister sur l’éducation à tout âge. Nous ne reviendrons pas sur la boussole éducative, celle à laquelle chaque société devrait réfléchir. Mais il faut prioritairement que tout le monde sache identifier ce qu’il voit. Face au maelström déqualifié du tout et n’importe quoi sur nos écrans, le besoin de repères devient essentiel. Voilà la tâche primordiale désormais sur ce terrain : apporter des éléments de compréhension de notre environnement local et global dans le temps et dans l’espace ; donner de la visibilité aux savants et aux créateurs. Les médias ont commencé la première tâche, timidement. Mais le besoin de savoir est immense, d’un savoir critique et d’un savoir puisé auprès des chercheurs de terrain, pas des vulgarisateurs n’ayant pas ou plus fait de recherche depuis des années.

Et puis il faut les valoriser, les montrer, qu’ils redeviennent un modèle social. Pour la France, nous avions Pasteur et Victor Hugo, stars à la fin du XIXe siècle. Ce n’est pas si mal. Mettons donc en pleine lumière les Annette Messager et les Michel Pastoureau. Ils ont autant de mérite que Zidane ou Johnny Halliday, Jean-François Copé et PPDA.

Repères et visibilité. Crédibilité aussi. La science est expérimentale, critique, évolutive dans ses savoirs, fondée sur la recherche. Les créations évoluent dans le temps et sont marquées par des modes. La Résistance des savoirs consiste à pouvoir continuer de mettre en exergue l’exigence et l’excellence du moment dans tous les domaines, du rap aux mathématiques. Cela conduit à veiller à l’indépendance politique et commerciale des chercheurs comme à celle des créateurs, à travers des structures de référence qui évoluent, pouvant marier spécialistes et béotiens tirés au sort. Désormais les sciences sont souvent en plein dans les débats sociaux, les créations ont des incidences multiples sur la vie quotidienne. Il n’est plus question de les laisser dans des micro-cercles opaques. Il faut ouvrir tout en permettant l’excellence.

Voilà pourquoi nous appelons à une Résistance des savoirs (et des savoir-faire). En dehors de l’élaboration de principes moraux terriens évolutifs acceptés partout –enjeu central pointé dès 2000--, la seconde grande question à venir sera bien celle de sciences indépendantes et mises en valeur avec des créations défendant la diversité tant des supports que des genres et des formes. Un enjeu éducatif, social, politique. C’est ainsi que nous lutterons partout contre la déculturation d’une société uniforme moyenne de consommation addictive et l’acculturation d’habitants qui, au nom d’une prétendue « modernité », sont sommés d’abandonner en bloc leurs traditions et leurs modes de pensée. La Résistance des savoirs est un éloge de la diversité et de la liberté.

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25 : 09 : 12

La vérité et ses soeurs cachées / Résistance des savoirs

Bruno Latour avait bien voulu participer au Dictionnaire mondial des images. J'avais vu certaines de ses expositions réalisées au ZKM de Karlsruhe avec Peter Weibel. C'est un esprit fécond et indépendant.

Je suis devant son dernier ouvrage Enquête sur les modes d'existence, dont le titre évoquerait une sociologie traditionnelle et qui ne l'est pas. Cet ouvrage riche mérite davantage que quelques lignes jetées hâtivement. Il se présente comme une série d'ouvertures métaphysiques (et malicieuses aussi) destinées à être continuées sur Internet. J'avais moi-même proposé une telle aventure en 2002 pour la Philosophie de la relativité : un livre sans fin, à prolongements sur la Toile par échanges.

Voilà d'ailleurs --en creux-- une leçon pour les politiques au XXIe siècle. Ils apparaissent menteurs et impuissants, manipulés par des forces qui les dominent (l'argent et les médias) sur une planète désorganisée. Ces crises à répétition sont pourtant l'occasion pour eux de se ressourcer. Ils doivent revenir au local, repartir du local, réenchanter la citoyenneté de proximité. Paradoxalement les élus rejoignent les bureaucrates des administrations centrales : ils pensent que les décisions ne peuvent venir que d'en haut et ne croient qu'à la macroéconomie. Harcelés quotidiennement par des milliers de solliciteurs et de lobbies, leur vision de la population est déformée. Il faut encourager les micro-économies, le tissu des économies de la gratuité, la volonté de toutes générations de faire de l'engagement social et n'avoir pas peur de référendums locaux en ligne : que chacune et chacun comprenne son pouvoir et sa responsabilité sur ce qui l'entoure, sur ce qu'on garde et ce qu'on supprime, sur des savoir-faire et des traditions à préserver et la force d'invention et d'innovation.

 Mais revenons à Bruno Latour. Je voudrais insister sur quelques aspects de son riche essai : d'abord, à travers son "anthropologie des Modernes", il appréhende à la fois l'échec de cette modernité rationaliste liée au Progrès et à la construction de sociétés idéales, tout en ne se satisfaisant pas d'un tel état dépressif intéressé (pour les puissants et les possédants), celui du relativisme, du post-modernisme où tout se vaut et rien ne vaut rien. Sa redéfinition du Moderne est une manière de relancer le mouvement et l'histoire, tout ce que beaucoup dans ma génération ne cesse de marteler contre l'escroquerie d'une fin de l'histoire ou d'une impuissance à transformer le social quand le commercial pollue la planète entière matériellement et culturellement.

 La 'Pataphysique est la science des solutions imaginaires postulait Alfred Jarry. S'il n'est plus une Vérité, ce n'est pas que la démarche expérimentale, critique, de la science cesse d'être une façon utile d'organiser les rapports sociaux et sa vision du monde. La relativité est une manière rationnelle de comprendre la pluralité de regards et de solutions. Voilà notre nouvelle dynamique, seule capable d'offrir des passerelles entre des civilisations qui se respectent et une conception aventureuse, dans le mouvement perpétuel, de notre être au monde. Elle utilise la raison et l'imaginaire. Elle est rationnelle et tolère des approches différentes. Elle conçoit des règles évolutives acceptées partout pour notre survie planétaire et des comportements individuels divers, des micro-économies, la variété des modes de pensée dans un rapport local-global, des identités imbriquées, une vie politique et une histoire stratifiées.

Ainsi, science et poésie s'interpénètrent et se respectent. Raison et intuition se complètent. A nous de toujours bousculer le réel avec la conscience de notre implication dans l'environnement et de ses interactions innombrables. Merci Bruno Latour de nous inciter à repenser.

PS Encore quelques réflexions sur ma marotte, la déformation médiatique. Le journal Le Monde a consacré deux fois 2 pages au livre de Bruno Latour (ce qui est à souligner, car méritoire et  exceptionnel dans le système actuel d'obsolescence du "visible"), Latour qui a parlé aussi sur France Inter. France Inter où j'ai pu d'ailleurs proférer quelques idées chez Stéphane Paoli sur les musées du XXIe siècle dimanche 23 septembre de 13h30 à 14h. France Inter qui fait un effort notable (Mathieu Vidard et d'autres) pour inviter quelques scientifiques et leur donner davantage d'audience. Mais leur visibilité ? Lorsque j'ai entendu le sommaire de la nouvelle émission culturelle de France 2 en seconde partie de soirée intitulée à dessein "Grand public", j'ai éteint : un florilège de "people" passant déjà en boucle sur toutes les chaînes. Ce n'est plus un panachage entre personnes connues et inconnues, c'est le martèlement des mêmes partout. Le divertissement fait office de culture. "Pas vu à la télé !" devient un nouveau label de dignité. Ainsi, le service public télévisuel coûte cher (France Télévisions) et il ne remplit nullement sa mission. L'acculturation généralisée opère qui va diviser la société entre une grande majorité (dirigeants compris) acculturée et des lumpenintellektuellen, rassemblant des savants et des créateurs de toutes générations n'ayant pas basculé dans le journalisme de plus bas étage. Le plus grave est que moins on est cultivé, plus on profère des certitudes sur tout. Il va falloir organiser la Résistance des savoirs en rassemblant les politiques qui continuent à croire aux valeurs de la connaissance, les journalistes pour qui vulgarisation est un terme noble et exigence intellectuelle une condition de la liberté, savants et créateurs refusant d'entrer dans la soupe dévalorisée du n'importe quoi vendeur à coup de rires et d'image de marque.



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25 : 09 : 12

La boussole éducative

Pourquoi les débats sur l’éducation ont-ils tendance à partir en vrille sur des sujets périphériques ? Pour convaincre, à force de chamailleries sémantiques, que le système en place est impossible à réformer ? Ce devrait pourtant être l’occasion de réfléchir sans barrières mentales aux contenus éducatifs et aux vecteurs de l’éducation à l’heure d’Internet. Parlons des contenus. L’éducation, fonction aussi ancienne que les humains, implantée solidement dans le monde animal, est le moyen d’aider les enfants à connaître leur environnement et à choisir ensuite leurs comportements. Cela peut être dévoyé en embrigadement des esprits pour limiter leurs actions et leurs pensées. Cela devrait être un éloge du savoir et un apprentissage de la liberté par le développement de l’esprit critique et du doute scientifique.

Tous les pédagogues constatent –au moins sont-ils à peu près d’accord sur ce point-- combien le premier âge est important. Le ou les parents, la famille, les tuteurs éveillent à l’environnement immédiat. Cela se passe dans toutes les civilisations et à l’heure d’homo relativus, de la relativité (qui n’est pas le relativisme) et du nécessaire respect des façons de penser sur divers continents, il serait idiot de nier le caractère indispensable de l’apprentissage de la langue locale et de l’environnement local, chez les Wayanas en forêt amazonienne ou en pays dogon. La connaissance fine des plantes et animaux dans la forêt est plus importante que la maîtrise des mathématiques en certains endroits. Cessons donc d’acculturer.

Il existe néanmoins un second étage de connaissances qui, adaptées à chaque lieu, apportent des repères scientifiques sur notre humaine condition : c’est ce que nous pourrions appeler la boussole éducative. Elle passe par la maîtrise de sa langue locale mais aussi très tôt par celle d’une langue internationale. Elle induit l’écriture, la lecture et le calcul. Mais aussi des savoirs qui permettent de se situer dans le temps et dans l’espace et préparent à la compréhension de son environnement.

Maîtriser les langues et la lecture ? Certes. Pourtant, nos enfants sont-ils aujourd’hui seulement en contact avec de l’écrit et de l’oral ? Bien sûr que non. Ils sont environnés d’images fixes et mobiles de toutes sortes. Sans aucun repère. Il est temps, largement au-delà de cette seule notion occidentale d’ « art », de leur apprendre l’histoire générale de la production visuelle humaine, dans laquelle les arts sont intégrés, mais qui identifie la diversité des supports, des continents et leur histoire et décrypte ainsi l’actuelle accumulation médiatique généralisée. Ne pas le faire ou le faire partiellement serait exactement comme jadis, à l’heure de la diffusion massive du livre, refuser d’enseigner la lecture ou n’apprendre que la lecture de la poésie. Ces repères s’accompagnent bien sûr d’initiations aux pratiques culturelles.

Parallèlement, l’histoire générale de notre planète fournit à chacune et à chacun des éléments de base de chronologie. Cette histoire s’impose de manière stratifiée aujourd’hui, partant de l’histoire locale –indispensable à Nevers comme à Ouagadougou—pour aller vers l’histoire nationale, continentale et planétaire. La chronologie forme ainsi un repère mental de base à l’heure de l’accumulation indifférenciée du tout-écran. La géographie, parallèlement, permet de comprendre l’espace et son évolution. Elle doit se combiner avec l’étude des mutations de l’environnement.

Cependant notre environnement est aussi sonore. L’histoire générale des musiques apporte alors des repères indispensables, partant de traditions locales jusqu’à la diversité des formes internationalisées aujourd’hui. Là encore, un équilibre doit être trouvé entre l’apprentissage de savoirs chronologiques et thématiques et une part d’initiation culturelle et de pratiques personnelles.

Cela conduit à l’éducation du corps et des sens. La gymnastique certes et les différents sports mais aussi la danse. L’éveil du goût et de l’odorat dans des cantines variant les aliments et initiant à des cuisines diverses. Et, nous l’avons abordé, une éducation culturelle large (spectacle vivant, expressions plastiques avec images fixes et mobiles, musique, gastronomie…) qui permette des initiations aux techniques de création et aux gestes créateurs (avec des créateurs), tout en ouvrant aux pratiques culturelles (théâtres, cinémas, musées…).

Ce programme de base sera évidemment enrichi, l’âge venant, à l’histoire des religions et des philosophies (base d’un code de valeurs universelles), aux théories économiques ou aux sciences de l’environnement. Enjeu fondamental quand les sociétés humaines affrontent l’égalité des chances comme condition de leur épanouissement, de leur innovation et de leur créativité.

Il est donc temps de cesser de partir de l’existant pour envisager quelques aménagements concertés à minima, mais, au contraire, définir des apprentissages essentiels et voir comment leur mise en œuvre peut être opérée en différentes étapes par l’outil éducatif. Cette vision stratégique permettra aux enseignants sur le terrain --dont on ne soulignera jamais suffisamment la difficulté de la tâche dans la société d’aujourd’hui—de cesser d’être ballotés de réformette en réformette pour comprendre vers quoi ils vont et pourquoi ils le font. Si nous voulons que l’éléphant accouche d’un éléphant et pas d’une souris, posons les bonnes questions de base et cessons de prendre le problème à l’envers.

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05 : 09 : 12

Homo relativus contre homo economicus

Daniel Cohen publie le livre Homo economicus, prophète (égaré) des temps nouveaux. Une ironie facile ferait remarquer qu'enfin les économistes découvrent que l'argent ne fait pas le bonheur. Mais le livre mérite d'aller plus loin dans la réflexion. D'abord, cette notion de "bonheur", comme celle de "paradis", sont des notions tout à fait inhumaines. Elles ont accompagné les pires dictatures et les illusions dangereuses de fin de l'histoire par l'établissement d'une société parfaite arrêtée. Il vaudrait mieux parler de plaisirs et de bien-être.

De même, il est temps d'arrêter de parler de "progrès", résultat d'une pensée occidentale scientiste. Ce n'est pas parce que nos connaissances augmentent dans certains domaines ou que la technologie se développe dans d'autres ou que la longévité physique augmente que les individus ont un meilleur bien-être en adéquation avec l'environnement. Là aussi, il vaudrait mieux parler de mouvement nécessaire, d'évolution, de perfectionnements, de recherches personnelles et sociales. Il est temps en effet de sortir de l'idée erronée que la multiplication des biens matériels ou la durée de vie sont de facto des "progrès". Voilà un des mérites du livre cité : montrer que nos sociétés économiques ne sont pas des sociétés du mieux être et, par voie de conséquence, que la notion de pauvreté est une notion relative (est plus pauvre une personne acculturée et pensionnée par rapport à une autre sans aucun revenu monétaire mais intégrée à un système social proche qui la protège).

Il importe d'adopter désormais un point de vue post-colonial. Nous devons accepter des modes de vie et des conceptions du monde variés, venant de continents et de civilisations divers. Nous devons entrer dans une ère expérimentale où les modèles sont multiples. Nous avons aussi à apprendre des sociétés nomades sans argent. J'avais écrit en 2000 "Le XXIe siècle sera moral", c'est bien cela qui nous occupe : le choix de nos valeurs. Et nous nous apercevons de l'importance des échanges non-monétaires (surtout à l'ère d'Internet, sur le réseau mais aussi autour de soi) et des économies de la gratuité, jamais mesurées car difficilement mesurables mais qui font "tenir" des peuples entiers de façon incompréhensible de l'extérieur.

Ainsi homo relativus lutte contre homo pyramidalibus et homo economicus. En effet, après la longue ère nomade, avec les néolithiques ont été bâties les villes et des sociétés  autoritaires pyramidales avec pouvoir sacré et profane. Cela n'a pas cessé et est encore en place dans beaucoup d'endroits ou hante la pensée de beaucoup de groupes : j'ai appelé cela les "monoretros", ayant une conception figée du monde et exclusive bâtie dans le passé. Ils côtoient l'homo economicus, cet être acculturé envahi de produits industriels diffusés massivement, n'ayant aucun pouvoir de décision au niveau local, soumis à la globalisation monétaire de la planète et obéissant à l'extérieur, au lointain parfois indéfini, dans son travail et sa consommation. Autre forme de servilité.

Dans une telle situation, les gouvernements --notamment socialiste en France aujourd'hui-- ont une chance unique de réveiller les bonnes volontés locales. Au lieu d'avoir peur du peuple, il est temps de célébrer homo relativus, cet être du local-global au temps d'Internet, capable de s'exprimer directement sur le réseau et d'intervenir dans son champ local. L'actuelle conjugaison des générations est d'ailleurs une opportunité dans les sociétés de vie plus longue : des jeunes à la première vieillesse, il existe beaucoup d'interventions citoyennes économiques et/ou culturelles. Réveiller et valoriser les initiatives locales dans des portails régionaux, nationaux et à l'export constitue la chance en temps de crise de bouger la société aujourd'hui, d'encourager l'économie de la gratuité, de favoriser le développement des PME et tout le tissu local. Ne la laissons pas passer.

De toute façon, la mise en avant du local-global et d'homo relativus sous-entend de cesser de penser uniformiser la planète dans un modèle politique parfait --ou le moins mauvais possible sous une idéologie du "moyen"-- avec des règles sociales intangibles et des comportements individuels standardisés. S'obnubiler de la macro-économie oblige à s'enfermer dans des paramètres très partiels, des mesures  très ciblées, et ignore les ressources des micro-économies.  Se bloquer sur une conception idéologique (religieuse ou profane) figée de l'organisation sociale est illusoire sur la durée et dangereux : lutter pour le "mieux" oui, faire croire à un état de bonheur terrestre atteint et irréversible, sûrement non, même comme objectif. Promettre le mieux-être, oui, pas le bonheur ! Décidément et au contraire, si une morale minimale évolutive est nécessaire et une conscience des enjeux de survie collective (dont des règles d'économie générale), ce sont bien les expérimentations de vie sociale et la diversité des comportements individuels qui permettront de poursuivre l'aventure humaine planétaire. En tout cas, pas une seule solution politique, une seule vision du monde, un seul modèle économique. Expérimentons.


Petit résumé :

L'humain relatif (homo relativus) est celui qui agit dans le local-global (directement autour de lui et par le Net), qui conçoit la relativité des points de vue et des civilisations, qui combine ses identités imbriquées et évolutives, qui connait nos histoires stratifiées et nos choix rétro-futuro. Il s'oppose à l'humain pyramidal  (homo pyramidalibus) des sociétés autoritaires, religieuses ou profanes, mises en place depuis les Néolithiques (idéologies monorétro). Il s'oppose aussi à l'humain économique (homo economicus),  ce consommateur standardisé passif, ce clone médicalisé des sociétés dépressives de l'insatisfaction et de l'addiction dans la mondialisation des produits.


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12 : 07 : 12

Respirer : un peu d'art frais !

Non, les ardeurs estivales d'un soleil absent ne me découragent pas pour achever un 7e long-métrage avec la complicité de Jean-Hugues Berrou et Emmanuel Chirache. J'en donne le résumé plus bas. Il est consacré à Noël Arnaud que personne --ou presque-- ne connaît. Et pourtant, Noël fait le lien entre Dada, le surréalisme de résistance sous l'Occupation, Cobra, les situationnistes, l'art et la vie. Personnage secret.

Dans notre monde de marketing documentaire, où il faut vendre ses sujets, ce film est résolument sans espoir. Pourtant, les colères saines de cet homme sont là pour continuer à inspirer une jeunesse qui ne doit jamais se résoudre à l'absurde et à l'injuste. Le rire, la parodie 'pataphysique, l'imaginaire au quotidien, renverseront toujours les dictatures et le formol de nos hospitalisations physiques et mentales au quotidien. Haïssez les médecins et mourrez heureux !

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POLITICALLY INKORECT !

Noël Arnaud
et Dada, Jarry, Picasso, Jorn, Duchamp, Debord, Vian, l'Oulipo...

Un film de Laurent Gervereau avec la complicité de Jean-Hugues Berrou et Emmanuel Chirache

Histoire d'un invisible : voilà le chaînon manquant --et longtemps caché-- entre Dada et les situationnistes ou Fluxus, en passant par le surréalisme clandestin pendant la guerre et Cobra. Il s'agit du seul film où cet homme secret parle de son parcours incroyable, à  la fois acteur et passeur des avant-gardes, ayant côtoyé tous les personnages essentiels cherchant à changer la vie, à sortir des frontières de la peinture de chevalet,  bousculant la littérature. Entre jazz, dérives, toiles provocations, fêtes-happenings, rires et absurde, une existence-oeuvre d'art totale.

Y sont insérés : un entretien inédit de Constant sur Cobra et les débuts de l'Internationale situationniste avec New Babylon ; un long et précieux extrait sonore de la conférence de Guy Debord avec Noël Arnaud en 1957.

 

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25 : 05 : 12

Québec et Rio : encore la JUSTICE ! JUST DU !

Cela fait des mois que nos amis québécois, avec Pierre, nous alertent sur l'incroyable soulèvement de la dignité des étudiants. L'accumulation des mesures obscurantistes depuis des années a bloqué soudain sur le relèvement des tarifs à l'université. C'est un combat qui occupe  en fait la planète : arrêter de favoriser les intérêts temporaires de quelques-uns pour prendre en compte les intérêts durables de tous. Cette question basique de JUSTICE est aussi une question de DURABILITE, quand certains s'octroient le droit de polluer et de détruire physiquement et culturellement des régions entières pour des intérêts à court terme, quand des politiques se voilent volontairement la face sur ce qui se passera dans 5, 10 ou 20 ans.

Nous sommes sur le même navire, avec les même enjeux que les Québécois (ou d'autres). Justice et durabilité ? Il y avait "just do it", nous entendons déjà des JUST DU !

Post Scriptum : Nous entendons parler de plus en plus ces temps-ci de "social-écologie". Tant mieux, car cela fait des années que j'affirme les enjeux de justice et de durabilité comme centraux (www.see-socioecolo.com). Il est indispensable de lier ces courants de pensée et de bâtir de grands mouvements sociaux-écologistes dans le monde. Quand, philosophiquement, ces organisations auront intégré la dimension évolutionniste (le choix du mouvement avec le refus de l'illusion d'une société parfaite) et le principe de relativité (la défense de la diversité et le rejet d'une société normée), nous aurons avancé dans une confrontation des idées toujours à mener. Cela permettra de disposer d'une vraie pensée du futur, de valeurs communes, au lieu de laisser le terrain aux néoréactionnaires et à la copie peureuse d'un passé mythifié (c'est-à-dire tel qu'il n'a jamais existé, en en oubliant toutes les horreurs et les tares). Ajoutons qu'à l'ère d'Internet, les technocraties vont vite s'apercevoir qu'il n'est plus possible de décider sans associer les populations. C'est donc à un réveil du local dans un dialogue global que nous allons assister, sur fond de crise de confiance généralisée. Soit la fermeture des frontières et le repli sur le passé, soit l'évolution et la solidarité planétaire.

A Rio ou ailleurs, le court-termisme est notre ennemi, il est lâche et souvent criminel. Ici, c'est dans une indifférence générale que nous apprenons la caractère cancérigène des moteurs diesels, tandis que nous subissons --sûrement pour des raisons croisées-- une épidémie de cancers. Ma mère meurt après s'être longuement ou brutalement dégradée. Partout, autour de nous, la mort lente nous accompagne.


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06 : 05 : 12

Défaite du nationalisme, victoire de la République !

Allez sur lemonde.fr lire l'article :

http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/05/11/defaite-du-nationalisme-victoire-de-la-republique_1699466_3232.html

Il est important désormais de ne pas laisser le champ libre aux néoréactionnaires mais de proposer de nouveaux regards et de nouveaux repères dans une vision rassembleuse et pragmatique du futur.

L'histoire se fait chaque jour et nous en sommes responsables. Ne gâchons pas la chance qui s'ouvre. Bâtissons durable.

Contre les néoréactionnaires, repensons avec pragmatisme le futur !



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21 : 04 : 12

UNE ELECTION, ET APRES ?

Soutenez CULTURES DE TOUS, CULTURES POUR TOUS ! sur la page Facebook de l'INSTITUT DES IMAGES, de manière à réveiller créations et partages des savoirs, sans retomber dans les paillettes éphémères, mais en valorisant durablement les initiatives de terrain. Pas une question de fric : nos crises sont des ruptures de modèles nécessaires !

Et n'oublions pas que nous sommes face à l'histoire pour la formation des citoyennes et des citoyens : IGNORER L'HISTOIRE ET L'ANALYSE DU VISUEL A TOUS LES AGES AUJOURD'HUI, CE SERAIT COMME REFUSER JADIS D'ENSEIGNER L'ECRIT AU TEMPS DE LA REVOLUTION DU LIVRE.

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