04 : 10 : 08

Monde et Bakounine

Suivant ces collisions mentales que je prise fort, le journal Le Monde daté du vendredi 3 octobre 2008 publiait un article sur l'"écologie culturelle" qui résume différentes réflexions théoriques mises en ligne sur ce site, et j'étais en repérages dans les montagnes sur les traces des utopistes du XIXe siècle entre France (Fourier, Proudhon à Besançon) et Suisse (phalanstère du manège à La Chaux-de-Fonds, hôtel de l'Internationale anti-autoritaire à Saint-Imier...). Ainsi, on m'appelait pour parler d'écologie culturelle, alors que je discutais avec un jeune paysan de Sonvillier, en pleine campagne, au sujet de la petite bâtisse derrière la ferme qui fut le refuge de Bakounine en 1871. Je ne pense pas que tout cela soit sans rapport : il faut, encore et toujours, réinventer le monde.

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12 : 09 : 08

Auto-pub

Voilà la première histoire mondiale des images : des repères pour 14 millions de familles en France, une avancée internationale décisive sur notre bombardement visuel, la fin du cloisonnement des savoirs (peinture ou photo, Inde ou Grèce, cinéma ou architecture...). Alors, pardonnez-moi, mais les histoires de cul des unes et la xième bouillie sur la "peoplisation" de la politique, tout en l'entretenant et en s'invitant entre soi, très très ringard...

L'ouvrage reçoit déjà un accueil très enthousiaste (merci aux réactions sympathiques envoyées de partout). J'en suis heureux. Maintenant, il faut le faire vivre. C'est un combat. La propagation du savoir devient un acte de résistance.

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16 : 08 : 08

cercles entre JO et musique

Il faut organiser des passages dans sa vie, peut-être moins dramatiquement qu'Aragon ou Walter Benjamin. Je reviens du cercle mégalithique d'Almendres au Portugal et tombe dans un 12e arrondissement parisien désert sur une réunion d'amis autour de Pierre Henry pour le dernier de ses concerts chez lui. Ce fut délicieux et pathétique. Quelle belle idée pour ce monsieur fatigué de recevoir dans sa maison-oeuvre, couverte de compositions. Elles ne sont ni d'avant ni d'arrière-garde, elles forment un tout, une grotte d'époque qui me rappelle Royan et Schaeffer, l'ORTF, avec un travail où il flirte avec des appétits sonores divers. Cercle de complicité de vieux baba cools et de jeunes étudiants à l'heure où les JO tentent d'unifier le monde des images collectives et qu'une guerre Russie-Géorgie semble si pathétiquement ringarde. Voilà une nouvelle version de ce que je souhaite, un antidote à toutes les normalisations : l'interprétation (pour le Daily Bul en Belgique) du petit signe "je suis pluriel". Alors, partons vers d'autres cercles, pas fermés, imbriqués.

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22 : 07 : 08

Censure préventive

J'ai eu Siné au téléphone, parce que je suis choqué de son éviction de Charlie-Hebdo. La censure préventive est quand même un signe des temps. Voilà un dessin de 1961, traduit dans une revue allemande, où un para propose de la viande de "musulman", "intellectuel" et "juif", en pleine guerre d'Algérie. Je n'ai pas toujours été d'accord avec Siné dans ses prises de position, mais c'est un grand dessinateur qui a, avec Bosc, lié politique et humour absurde à la fin des années cinquante, en bravant la censure. C'est le vrai père de Charlie. Aujourd'hui, une telle censure préventive vise, sous prétexte d'antisémitisme possible, à laisser attaquer les catholiques ou les musulmans, mais à interdire toute critique de juifs, de la religion juive ou de la politique de l'état d'Israël, quand des Israëliens eux-mêmes sont très sévères et la fameuse "communauté" juive en France constituée de personnes extrêmement variées dans leurs convictions, dont des antireligieux notoires et des anticapitalistes fougueux. Ca sent très mauvais tout cela. Avec deux risques patents : la propagation d'une censure larvée au nom des meilleurs sentiments (la France est bien plus liberticide que les Etats-Unis) dans tous les domaines, religieux ou politiques ; le retour d'un antisémitisme virulent ("Comment ? Les juifs seraient les seuls à ne pas pouvoir être critiqués ?") et la mort connexe de tout humour juif. Au secours Groucho !

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13 : 07 : 08

malaises : Betancourt show et hystérie monastique

Comment oser parler à contre-courant ? Inaudible face aux bonnes consciences --qui penseront le contraire dans 6 mois. J'ai déjà écrit il y a des semaines, ici même, contre la "photogénie des otages". Le show Betancourt récent écoeure et laisse dubitatif. De même en est-il pour nos pleureurs des droits de l'homme, amoureux de la théocratie des moines et ignorants de la Chine en mouvement d'aujourd'hui. Spécialistes du marketing émotionnel, de la pensée congelée. Abolissons donc la pensée réflexe !

Alerte emballement ! Stop, prenons le temps de réfléchir, de sortir des rabâchages, des fausses évidences. Pas sur la complexité (tout est complexe, même les droits de l'homme) mais la complétude. Nous avançons sans tête. Entendre les arguments divergents.

A feuilleter pourtant de jeunes dessinateurs chinois, on découvre l'incroyable aspiration à s'ouvrir vers l'extérieur. La vitalité créatrice hybride également du "manhua", entre peinture traditionnelle et numérique. La précarité aussi de ce grand pays composite où un Pékinois ne comprend pas un Cantonais, où on détruit aussi vite qu'on bâtit. Le danger planétaire enfin d'une explosion éventuelle, désorganisant l'économie et jetant des millions d'émigrés sur les routes et les mers.

Alors, j'aime les Miaos et veut leur préservation mais souhaite, pour ce faire, une Chine ouverte, parlant d'écologie, corrigeant ses catastrophes naturelles, ou industrielles, ou humaines.

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12 : 07 : 08

Fourier à la plage

L'année dernière, incubant et récupérant d'une naissance, je lisais, atone, "Les milieux libres" à la plage, en emplissant aussi des nuits de coton fébrile sans sommeil. Ce fut prémonitoire. Depuis, je retrouve à travers la manifestation "Utopies et innovations" (2010), dont j'ai accepté le commissariat général sur l'axe Rhin-Rhône, Fourier, Proudhon, et tout un mouvement coopératif visant à "inventer la société". Ce sera une rude tâche, mais passionnante, permettant de croiser des amis beaux esprits en France et en Suisse, réveillant des utopies locales concrètes que le rapport local-global vient nourrir à l'heure des "développements diversifiés". Réinspirer un peu le XXIe siècle en enjambant les échecs sanglants du XXe.

Alors, quand d'autres partent se mettre au vert ou au sable, je relis Proudhon et sa mutuellisation, tout en travaillant au choc des images entre peintures de batailles à Versailles et photographie, et en attendant qu'enfin le site dédié à la documentation et au patrimoine culturel d'AgroParisTech (avec le Musée du Vivant, vision pluridisciplinaire et critique sur l'écologie) s'ouvre. Ouf, mon histoire mondiale des images est partie chez l'imprimeur. En avant pour des utopies concrètes... avant Fourier à la plage.

 

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29 : 06 : 08

Dintrich fabrique des icebergs

Hier, il fit beau, miracle parisien du déréglement climatique. Nous fîmes terrasse et eurent une soirée douce d'intelligence avec Karina et Michel. Voilà de beaux esprits, souriants en glissando de la mort. Elégants. Michel (Dintrich)eut une belle rétrospective à Agen. Ils oeuvrent désormais tous les deux sur les Nouvelles-Hébrides et Michel est invité par les Navajos. Comme le fait Honeybee en Inde qui recueille des savoirs traditionnels, il est temps en effet d'imposer le relatif à la planète, cette imbrication de cultures où l'économie du plus fort n'a raison ni sur les milliers de micro-économies locales ni sur leurs manières de penser. Michel, musicien, artiste, voyageur, subtil, fait de l'écologie culturelle et j'ai trouvé le prétexte à réaliser un reportage sur lui. Voilà qui réconforte face à la bêtise bétonnée au quotidien.

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26 : 06 : 08

tv public ?

Sollicité à la va-vite ce matin par l'AFP (Agence France Presse) sur la suppression de la publicité pour le service public télévisé, j'apporte ici quelques réflexions. Quel étrange impôt que cette "redevance", panier percé à exonérations diverses, fraudé largement, très inégalitaire ? Personne n'en parle. Et pourquoi un service public ? Pour voir quoi ? Et quel publics ? Il doit sortir d'un club fermé pour quelques journalistes et producteurs. En faisant agir des spécialistes divers de la société, il pourra lutter contre la crise de modèles. Dans le même temps, en quoi reflète-t-il la France en mouvement dans le monde ? En quoi de plus, par exemple, la musique télévisée a-t-elle un rapport avec la musique écoutée partout ? Des milliers de micro-télévisions vont bousculer le paysage. Modèles et reflets.

J'en profite pour faire une signe amical à l'Etna d'Othello Vilgard et Raphaël Girault, à l'Usinagaz, revue croisée au Marché des poètes, et à ma fille primée pour un court-métrage projeté au cinéma Le Méliès de Montreuil...

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17 : 06 : 08

L'image Obama (2)

En avant-première pour les visiteurs réguliers de ce site, notamment chinois, égyptiens et américains (merci aussi aux autres, partie 2) :

Le savoir est un enjeu. Une nouvelle mode aux Etats-Unis (et ailleurs) consiste à le stigmatiser comme néfaste. En effet, pour suivre des prescriptions, nul besoin de les questionner, d’enquêter, de comparer. La science (par exemple la théorie de l’évolution) devient ainsi un danger. Parallèlement, nous vivons clairement une crise de modèles : un faux égalitarisme aujourd’hui érige ainsi l’inculture comme objet de fascination. Tout cela ne se produit pas par hasard. Le rapport au savoir conditionne la vision de la société. Indispensable dans un cas pour effectuer des choix évolutifs conscients, il est néfaste dans un autre quand il s’agit de se conformer à des principes intangibles --religieux ou non, car il peut s’agir de multiplier les consommateurs passifs. Obama, à cet égard, incarne clairement l’homme issu d’un milieu hors establishment qui avance grâce à une intelligence brillante. Il réhabilite de fait le savoir et la réflexion, comme d’ailleurs l’art de l’éloquence, le verbe.

De plus --cela est souligné partout-- il est l’exemple même de nos identités imbriquées. Je puis être barcelonaise, juive, socialiste, mais espagnole aussi, passionnée d’échecs, végétarienne et adorant le Japon tout en pratiquant la samba, travaillant dans les assurances... Individus planétaires. Nous évoluons ainsi, suivant les moments (mes identités sont toutes fortes), dans un transculturalisme qui devient une école du goût, de la réflexion, de la fantaisie. Un au-delà du racisme. Un au-delà des culpabilités du XXe siècle (et d’avant). Un monde croisé. Alors, mon rapport physique et mental au monde me construit et construit le monde, parce qu’il bâtit des environnements immédiats différenciés. L’altérité est ma richesse.

Alors, Obama, le métis (descendant de Jefferson Davis et Cherokee et Kenyan d’un père musulman non religieux), ne va pas abolir le racisme. Il ne va pas abattre le capitalisme aveugle, le communautarisme autoritaire, l’intégrisme religieux, le nationalisme agressif. Mais il porte en lui les valeurs d’un monde nouveau. Saura-t-il triompher sans se renier ? Saura-t-il n’être pas qu’une image ? Saura-t-il ouvrir la voie d’une planète autre qui correspond à la vie « ubique » de milliards d’individus ?

Nous, les foules, aimons croire un peu. Un temps

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17 : 06 : 08

L'image Obama (1)

Voilà, déjà en ligne (avant le papier ?), ce texte pour les visiteurs chinois, égyptiens et américains réguliers de ce site (et les autres), merci :

Dans notre monde d’images, nous aspirons constamment aux contes de fées. Rien d’étonnant à ce qu’aujourd’hui Barack Obama ne soit lancé comme un nouveau parfum. Dans la guerre mondiale médiatique, les Etats-Unis avaient perdu leur leadership de l’imaginaire avec un Bush contre-modèle. Obama incarne le passage à un monde nouveau en ayant la jeunesse d’un Kennedy, mais avec l’intellectualisme d’un Kissinger. Trop bien. Il est Africain, tout en étant métis et citoyen des Etats-Unis. Il est croyant, tout en ayant pris ses distances avec son église locale trop radicale. Il a fait Harvard, tout en venant d’une famille modeste qui peut comprendre la précarité. Il incarne ce XXIe siècle que les peuples du monde ne voient pas arriver et pour lequel nous manquons de modèles. Ce n’est pas la Chine, pour l’instant, ni l’Inde, qui peuvent rivaliser en imaginaire dans ce monde multipolaire. Le Brésil ? L’Australie ?

 

Il ne s’agit pas de construire des contes, des histoires à rêver. Il s’agit, à travers elles, de donner des impulsions à l’organisation générale du monde et aux valeurs de la planète. Le capitalisme a probablement chu --malgré les apparences-- après le communisme car il a perdu la bataille morale, qui est désormais un dysfonctionnement économique. Les religions pâtissent de leurs ultras. Le nationalisme devient un attachement local parmi des identités qui sont, pour tout le monde, imbriquées. Obama intervient sur ces terrains et fait image exemplaire sur ces terrains. Chacun alors le regarde comme un sportif proche de l’exploit ou comme un héros de film catastrophe : tiendra-t-il ? Et s’il tient, réalisera-t-il tout ce pour quoi l’affection des foules le porte ? Ne sera-t-il pas un leurre, un « character » mis en exergue ?

 

Le lieu du clivage est dans l’espace social, quand religions ou idéologies cherchent à régir totalement –c'est-à-dire sans contradiction—l’ordre social. Avec les intégrismes montants, la chose est claire. Avec les totalitarismes du XXe siècle voulant une société à l’histoire arrêtée du bonheur absolu, ce le fut aussi (dans le sang), comme d’ailleurs pour toutes les volontés de conquêtes religieuses par la force dans le passé. La morale, c'est-à-dire le choix des règles de relation à l’autre et aux autres, devient alors le terrain d’expérimentations central. Le XXIe siècle ainsi ne sera pas religieux, il sera moral. A cet égard, il est hautement significatif, par exemple, que les critiques concernant le fonctionnement des entreprises, leur finalité, la répartition des richesses de plus en plus inégalitaire et n’ayant rien à voir avec le mérite, jaillissent de tous bords. Cela s’amplifiera : Internet devient le lieu, certes des rumeurs, mais aussi d’une démocratie directe en ligne. C’est bien l’organisation planétaire de l’économie qui est nécessaire mais pour permettre des développements pas seulement durables, mais diversifiés. Veut-on vivre au Mali comme à New York ? Doit-on vivre au Mali comme à New York ?

Soulignons dans ce domaine qu’il est un danger subreptice peu souligné. Il s’avance masqué par les plus louables sentiments : le dogme de la norme, le « bien » pour toutes et tous. C’est lui qui rétablit la censure, c’est lui qui prototype nos comportements. Les meilleurs principes l’épaulent : médecine, actions caritatives, droits de l’homme, écologie. Le dogme de la norme est à nos portes par ces voies-là --même celles du mythe de la durée, de la santé, de la « normalité » mentale et physique. Quand nous parlons d’écologie, par exemple, ou de développement durable, nouvelle sainte notion désormais si floue et galvaudée, il importe que cela reste un objet de discussions, d’expérimentations, de débats, de travaux scientifiques, pas une nouvelle idéologie totalitaire (en parlant d’ailleurs de développements diversifiés). Autre exemple : caritatif et droit-de-l’hommisme ne doivent en aucun cas devenir les voies massives d’une uniformisation néo-colonialiste de la planète, abrasant toutes les cultures en détruisant des éco-systèmes mentaux, des micro-climats économiques. Oui, l’écologie culturelle est aussi importante pour préserver nos diversités et les multiplier en autant de choix possibles, que la défense de la biodiversité de la flore et de la faune. L’univers forme –nous le comprenons désormais-- un tout, un tout de l’unité et de la diversité. Unité du devenir global et diversité des parcours singuliers.   (à suivre)

 

 

 

 

 

 

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