06 : 06 : 09

pensées génératrices, pensées stériles

 

D'aucuns vont à nouveau me moquer comme "obamiste" quelconque. Il est vrai que le chic intellectuel consisterait à attaquer Obama en tant que nouveau représentant de commerce de la boutique USA en perdition sur le plan de l'image de marque --qu'il est aussi. Mais ce qu'il représente et ce qu'il dit (récemment au Caire sur l'Islam) résonne avec force. Chacun attend les actes et surveille l'efficacité (en finir avec cet imbécile et dramatique conflit israëlo-palestinien, trop médiatisé, d'un autre âge, qui sert les intérêts de quelques-uns dans chaque camp pour des chantages financiers, dont tout le monde a souffert et dont aucun gagnant ne peut sortir).

Au moment des élections européennes, l'heure est au local-global, au micro-macro, plus à ces nationalismes du XIXe siècle qui ont montré leurs limites et souvent leurs crimes. Ce qui ne veut pas dire qu'on refuse un attachement à la France ou aux Etats-Unis, mais qu'il est un élément de nos divers attachements (montmartrois, parisien, laïque, européen, passionné de culture japonaise...que sais-je ?).

Pour la pensée, c'est la même chose. Il est des pensées génératrices et des pensées stériles. A Colleville, Obama décrit, par opposition au combat frontal contre l'idéologie nazie, le temps actuel de la relativité, de la diversité des points de vue. Il se situe ainsi du côté d'une pensée génératrice d'un nouveau monde --et rend vieux beaucoup d'autres (ou brouillons certains de tendance "attrape-tout", sans ligne claire).

Ce fut le cas du Sartre existentialiste (par opposition à Cioran, brillant dans l'impasse). Voyant aujourd'hui comment on sort de son bocal rochelais Paul Virilio dès qu'un avion se crashe, je suis fasciné par ces personnages (ce fut le cas de Baudrillard aussi avec son "simulacre") répétant la même chose de livre en livre, sur des idées pas très originales (oui, le monde va plus vite, depuis les années 1930 en fait ; oui, les dangers de catastrophes sont plus importants, entre ère atomique et ère des pollutions sans compter les inévitables catastrophes naturelles ou pas). Pour moi, ce sont des pensées totalement stériles, incapables d'imaginer de nouvelles sociétés, de nouveaux comportements, le monde en mouvement. Torticolis rétro.

Alors, Obama est frêle. Il n'est pas si puissant. Mais des millions d'individus gardent le pouvoir de faire, de faire déjà localement et de faire savoir. La grande aventure du devenir reste ouverte. Nous ne sommes pas seulement dans un grand hôpital de vieillards aigris.

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02 : 06 : 09

News market

 

Décidément, je me fais l'effet d'un vieux râleur (ce que je déteste, porte ouverte aux vieux cons de Roland Topor). Pourtant, chez mon charcutier rebeu spécialisé en cuisine italienne, la radio claironne sur un accident d'avion en citant le nombre de Français, puis le nombre de bébés français, puis le nombre d'enfants français et de femmes françaises. Je fais rire tout le monde en disant que pour les médias une vie ne vaut pas une vie : il vaut mieux être national, bébé, puis enfant, puis femme, puis homme, et enfin il reste les étrangers...

Cela fait des heures que, sur un drame fatal, les journalistes nous serinent qu'ils ne savent rien et un Borloo tient l'antenne (ce matin encore) pour dire qu'il n'a rien à dire. C'est stupéfiant de crétinerie. Bientôt des cellules psychologiques pour télespectateurs ou auditeurs ?

Faut vendre. Un zombie bêta de bonne famille a trouvé, lui, une recette. Il regarde tout de haut, de très haut, et balance des purées de nouvelles affolantes depuis son nouveau magistère écolo. C'est suintant de bons sentiments. Ca sent le piège à financements. Tout le monde a déjà dit tout cela plus intelligemment et tant vont faire des travaux sur terrain qui posent de vraies questions. C'est du stalino-écologisme.

Sinon, je reviens de Tallinn et d'ex-zones de Baltique interdites au temps des Soviétiques. J'y reçois des bouffées de relativité : il n'existe pas de culture pure ; tous les dieux ont une histoire ; la coopération internationale doit être mesurée sur chaque petit territoire. Mon ami, Directeur du musée de la Croix-Rouge à Genève, nous raconte ses expositions critiques sur les shows caritatifs.

Je suis rassuré. Il existe encore un monde de la raison, un peuple du sens pratique, au-delà du business news totalement déconnecté. Nous, les regardeurs, voyons bien ce qui se trame. Stop aux montreurs de leurres ! Il est temps d'introduire la révolution de l'héritage partagé, de l'action éducative porteuse de chances variées, celle des valeurs diverses et des modes de vie, celle du changement du travail et de sa rémunération, celle d'une planète propre et équilibrée. 

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25 : 05 : 09

Changeons de concepts, tri sélectif des idées !

 

Bien avant Ben qui signait des paysages, les sultans de Dolmabace à Istanbul encadraient la mer. Je reviens de Turquie qui est, comme la France, un lieu stratégique fort, croisement nord-sud et est-ouest.

J'y ai vu des passages et des disparités. Cannes célèbre Haneke, un sujet vieux et rabâché, un cinéma fatigué, lourd, empesé. Beaucoup travaillent désormais pour un troisième âge de la pensée, grabataires accrochés au système qui tourne à vide. Rupture générationnelle, qui n'est pas juste celle de l'âge mais celle du mode de pensée : nous sommes écoeurés du rétro perpétuel. Donnons une bonne claque au XXe siècle et avançons.

Cette clarification est nécessaire partout. Quand Benjamin N. dit à Obama qu'il ne veut ni d'état palestinien, ni arrêter la colonisation des territoires palestiniens, les amis d'Istraël et du monde juif en général ont tout intérêt à appeler au boycott financier et politique de ce gouvernement totalement réactionnaire.

La pensée relative, que je promeus comme seule opérationnelle dans notre monde multipolaire, peut être ainsi claire et logique. Sur d'autres sujets, il n'est pas facile d'apporter des nuances. Je sens bien qu'il y a aujourd'hui un mépris du savoir et de la compétence, une peur des idées. C'est normal car tout a été mélangé par le monde médiatique avide de pensées pré-digérées. Et, dans la sphère de la recherche en France, comme parmi les défenseurs institutionnels des échanges culturels entre la France et l'étranger, nous n'avons pratiquement aucune demi-mesure. Soit il y a des gens passionnés qui travaillent sans moyens pour remuer ciel et terre --et qui, au passage, sauvent le système entier--, soit il se trouve des voleurs (et voleuses) d'argent public, totalement incompétents, qui détruisent en ne faisant rien, sinon illusion passagère.

Penser un monde nouveau, c'est clarifier, défendre le savoir et le travail, bannir la médiocrité gluante des esclaves, condamner les obscurantistes du passé, rouillés. Une nouvelle vague ? En tout cas, une nouvelle lucidité.

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06 : 05 : 09

Les leurres de l'actualité

 

 

Jour après jour, JE NE RECONNAIS RIEN DANS CE QUE JE VOIS.

La télévision française de service public montre son décès total, en décalage absolu avec la société en marche : le théâtre y est monopolisé par deux individus (du théâtre privé d'ailleurs), Bernard Murat et Pierre Arditi ; un reliquat d'émission littéraire aligne les auteurs de best-sellers ; le dénommé Hondelatte reconstitue les crimes trashs du magazine Détective des années 1960, tandis que les chiens écrasés font la "une" du JT ; Michel Drucker mourra avec son public. 

Comme partout, la marque n'est pas le contenu. La multitude du médiocre noie tout. Ecran gris qui étouffe les rais de lumière. Plus tard, seule la lumière se verra.

Sinon, nous apprenions hier que la grippe "porcine" a fait mondialement 31 victimes. Le ratio entre chacune de ces personnes et leur surface médiatique les fait égaler Paris Hilton. Alors que tant d'autres meurent dans l'indifférence.

La vente des nouvelles, leur surabondance et la concurrence des médias pour surajouter aux mêmes arguments, favorise les leurres d'information. Il faut boucher les trous et renouveler. La crise, ça fatigue et ça déprime. Alors, il existe des leurres mondiaux (la grippe) et des leurres locaux (François Bayrou), des bouche-trous faciles (Madonna ou le conflit israëlo-palestinien) et des trous noirs (le Congo).

Le réel ? Désormais, les sociétés se clivent en confortunés --confortables et fortunés-- et en précaires. Comme nos petits confortunés n'ont de cesse de ne rien changer et que les précaires (tous ceux qui tirent la langue financièrement même avec emploi ou pension) ne savent pas trop à quel vieux marxisme se vouer, tout le monde évacue les révolutions mentales nécessaires sur son mode de vie et sur l'organisation planétaire.

Deux pistes évidentes pourtant, immédiates : opter pour une consommation privilégiant le proche, le propre, le durable ; bâtir des entreprises éthiques, donc plus efficaces. Plus compliqué, mais possible sous la pression des opinions publiques : organiser une moralisation des échanges pour une économie de marchés globaux et de micro-marchés qui respectent les diversités et les encouragent, sans protectionnisme d'un côté, sans uniformisation étouffante et nivelante de l'autre ; un effort d'éducations plurielles, dès le plus jeune âge, seul moyen de valoriser les savoirs, d'instaurer l'exigence et de bâtir des individus aptes à choisir. Monde solidaire par intérêt personnel et collectif, monde relatif.

Ne nous cachons pas cependant les germes d'oppositions violentes entre les tenants de l'accumulation et ceux de l'échange, entre les excès concurrents des communautarismes fermés et ceux de l'asservissement général à un monde normalisé. Le combat des clones et des divers (comme je l'ai montré dans transplanet).

Mais, pour l'heure, les hurlements et le clinquant ciblent tout, sauf l'essentiel. Rafistolons vite, vite. Propageons l'ignorance et la bêtise pour mieux manipuler des masses de consommateurs passifs, décervelés. Et les leurres grippaux sont pratiques pour terroriser les maisons de retraites ou les bidonvilles. Sociétés du contrôle.

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01 : 05 : 09

A l'assaut de Versailles !

Je reviens, fatigué, du tournage d'un long métrage A travers les utopies. La rue s'emplit et la grippe ne décourage pas les manifs. Ambiance bizarre. Mon actualité est cette confrontation peinture-photographie au château de Versailles dans la Galerie des Batailles (ouverture publique le 12 mai), dans laquelle je me suis impliqué (jusqu'à d'ailleurs accorder un entretien assez personnel à la revue interne du château).

Jean-Jacques Aillagon a eu l'idée de la manifestation, car il a --me semble-t-il-- parfaitement compris la nécessité d'actualiser la perception de l'oeuvre d'art et de propagande totale qu'est ce lieu. Par une vraie programmation pensée et diversifiée, dont Koons, vêtement de cour et guerre sans dentelles, donnent des axes. Il est clair, surtout dans le contexte d'une crise morale planétaire, que si le château se contente de sortir ses ors pour célébrer les princes, l'effet bling-bling risque de lasser (sinon de choquer) et de n'attirer que des cohortes du 3e âge.

Bref, alors que l'on débat d'un musée d'histoire de France, voilà un travail utile et très actuel de questionnement sur les représentations de la guerre. Allez-voir et dites-moi. Pour les internautes --journellement fidèles-- d'autres continents, le livre chez Flammarion bénéficie d'une excellente maquette qui rend bien compte du principe.

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09 : 04 : 09

Mails d'espoir

Un herbier nous raconte tant de périples et d'aventures botaniques. Ces trésors de diversité devraient nous inspirer (ici le chanvre indien de Lamarck).

Dans notre monde micro-macro, pour l'instant, seuls les puissants rafistolent les choses, tandis que les vieux marxistes pensent que leur heure est enfin venue pour appliquer des recettes qui font frémir (anti-démocratiques et inefficaces). A quand, non pas des cahiers de doléances, mais des mails d'espoir ? A quand une circulation de suggestions et d'initiatives pour donner des avis sur la manière dont les unes et les autres désirent vivre, ici, à portée de vue, en liaison avec là-bas ? 

Dans une ère rétro-futuro : choisir ce qu'on veut garder, ce qu'on veut changer, ce qu'on accepte comme pacte mondial commun, comme règles morales de base, et ce qu'on veut préserver ou inventer comme spécificités.

Un grand inventaire de l'herbier des idées.

Les populations ont trop été habituées à l'asservissement politique ou à la consommation irréfléchie. Gros dos et chloroforme. Pourquoi attendre la tempête ? Pourquoi, juste réagir sans agir ? Pourquoi seulement demander des solutions magiques à des dirigeants ou des penseurs dont le rôle ne peut être que normalisateur ? A chacune et à chacun de recomposer, ici et maintenant, son cadre local et ses nécessités de cadre global.

Tout est prêt pour mettre en route un formidable mouvement d'échanges d'idées qui présentera une planète nécessairement solidaire sur de grands enjeux et tellement variée dans ses déclinaisons sectorielles : écologie culturelle.

 

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28 : 03 : 09

Tous chez les fous !

Le 1er avril 2009, l'Institut sur les fous littéraires et artistiques, dont je préside le conseil scientifique, organise à la Bibliothèque nationale de France (site Tolbiac, et merci aux équipes chaleureuses qui ont permis ce projet) une journée. Cet institut a été fondé par Marc Ways, Marc Décimo en dirige la revue, André Stas veille depuis la Belgique à ce que le degré de folie ne redescende pas et Tanka déboule du Canada. Projections, discours, chansons de fous musicaux par la délicieuse Fanchon Daemers, textes lus le soir grâce à Sagamore Stévenin, et films s'alternent. Première projection mondiale de "Ouf", film atypique que j'ai commis pour la mise en bouche.

C'est ouvert à toutes et tous. Dans notre temps de crise et de normalisation des esprits et des comportements, voilà une manière de faire de la résistance.

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14 : 03 : 09

Attention, decryptimages arrive !

Vite, allez voir www.decryptimages.net (lancement : 17 mars 2009). Ce site est le fruit d'un partenariat Ligue de l'Enseignement /Institut des Images. Nous avons monté un comité d'experts internationaux. En français, il s'enrichira de contributions dans toutes les langues et dans toutes les formes d'expression (textes, images fixes, webtv, écriture multimedia...)

Disons-le, c'est une vraie satisfaction car 10 ans de travaux numériques avaient disparu. Nous en remettons gratuitement un certain nombre à disposition, comme la série Décrypter les images, Décrypter la photographie, Décrypter un film. Soyez indulgents, tout cela va se développer, notamment avec les propositions des internautes. Mais enfin il existe un portail sur l'éducation aux images, qui signale ce qui se fait et permet des échanges. C'est une date. Qu'on ne vienne plus alors se lamenter (avec des larmes de crocodile et de sempiternels discours de bonnes intentions) sur l'absence de ressources et qu'on nous aide à développer et à exporter dans le monde !

A titre personnel, il s'agit d'une étape et d'un vrai bonheur après tant de travaux. Mon banquier n'y comprend rien (travailler bénévolement, quelle idée...) et me harcèle jour après jour pour rembourser mes traites, mais ma conception de l'utilité publique et des questions essentielles pour notre avenir en sort renforcée.

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08 : 03 : 09

Palmade malade, public barrique

Quelle idée m'a pris ? Hier, pour m'aérer, j'ai acheté à mi-prix au kiosque de la Madeleine un strapontin pour découvrir la dernière pièce de Pierre Palmade. C'est un peu banal, mais je me déplace soit pour m'emplir d'un spectacle ou une mise en scène qui m'intéresse, soit pour voir "à cru" des acteurs qui me touchent (Madeleine Renaud, Philippe Noiret, Christine Murillo, Michel Bouquet, Jacques Villeret, Muriel Robin, Roland Dubillard, Jacqueline Maillan, Laurent Terzieff...) Palmade, bizarrement, me semble sous-employé.

Dans un jeu schizophrénique très caractéristique des acteurs en général et des comiques en particulier, il met en scène ses angoisses et son alcoolisme dans sa dernière composition, très border-line. Il apparaît alors sur scène, maigre, hâve, la voix brouillée, parfait pour le rôle de vedette qui oublie ses nuits et subit ses jours. Jusqu'à ce que le rideau se ferme brutalement au bout de dix minutes, pour ne plus rouvrir. Les pompiers arrivent.

Je suis alors sidéré par l'attitude consommatrice, indifférente du public. Face à une personne qui montre/vit tripes à l'air, tout le monde rigole dans un grand brouhaha. Personne n'a l'idée simple de se mettre à sa place. On parle dîner, remboursement, redémarrage de la pièce. Comme au cirque romain, il faut que le comique crève sur scène dans un effet heureux.

A rebours --et sans tomber dans les larmoiements convenus sur l'angoisse de celles et ceux qui doivent faire rire tous les soirs--, voilà tout de même une leçon sur la versatilité et la cruauté des groupes. Vraiment --croyez-le-- pas un individu pour songer au drame intime d'un être humain perdu. Même ma compagne. Et la notoriété, suscitant envie, devient facteur d'indifférence aggravant.

Voilà pourquoi je me fais un point d'honneur à ne jamais me faire rembourser ce billet pour quelqu'un qui a donné, au-delà du possible, son âme d'un soir.

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06 : 02 : 09

Le retour du local

 

Crise du système ou crise de système ? Rafistoler ? Notre nouveau monde est micro-macro. C'est-à-dire que l’individu peut s’adresser au global directement et, inversement, les questions globales ont des influences rapides sur les individus les plus isolés : temps d’ubiquité. Alors, nous avons craint, à juste titre, les conséquences d’une uniformisation des modes de vie. Ce fut plutôt le nivellement d’une consommation écervelée, mue par les seuls intérêts financiers de quelques-uns.

La structuration par le haut est devenue une réalité, même si elle est peu cohérente. Elle constitue une nécessité impérieuse cependant, à condition de s'organiser, pour éviter notamment les périls environnementaux mais aussi des conflits en chaîne. Elle ne pourra cependant se réaliser –tous s’en rendent compte désormais-- que grâce à des pensées multipolaires, des conjonctions de points de vue. Ceux qui déduisaient de la mort du communisme, l’Empire des Etats-Unis se sont trompés. Finalement, communisme et capitalisme proposaient des structurations autoritaires, l’un dans une version bureaucratique, l’autre par l’hyper-puissance d’entreprises mondialisées. Aucun de ces modèles n’est durable. Aucun n’est juste. Aucun n’est acceptable.

Le moment n’est-il pas venu alors de concevoir que l’échelle d’action doit redescendre vers le très local ? Si l’individu se montre au global, les individus concertés –à portée de vue, en vue directe—sont capables de repenser hic et nunc leur organisation et leurs modes de vie. Le temps n’est plus d’importer à Bezons des pommes de Chine, à Cayenne des poulets de Bretagne, du riz au Cameroun. Les ressources locales, les possibilités vivrières sont à reconsidérer. Les économies solidaires devraient commencer par favoriser ce qui ne nécessite aucun déplacement.

C’est aussi au niveau local que les économies d’énergies, que des solutions inventives d’habitat sont à penser (ou à repenser). La diversité culturelle est là : imaginer en fonction des désirs et des conditions géographiques. Pourquoi construire la même chose partout sur la planète ? Cela n’a aucun sens ni pratique ni culturel. C’est encore au niveau local que des économies éthiques et des entreprises éthiques sont à concevoir. La question n’est ni le marché (souvent nécessaire), ni le profit, mais l’organisation de l’entreprise et l’utilisation des bénéfices. Des micro-marchés peuvent se mettre en place et des interventions d’individus sont susceptibles d’encourager ou condamner des pratiques au nom du devenir commun.

Alors que la tendance fut –à l’ère télévisuelle des mêmes images pour les masses—d’uniformiser les contenus pour consommateurs passifs, à l’ère d’Internet –celle de la multidiffusion, où l’un parle potentiellement au tout—il est donc temps d’un réveil individuel et collectif. La prise en mains de sa situation locale n’est d’ailleurs pas forcément la perpétuation de ce qui est (la survie d’une usine polluante) mais une vraie réflexion sur le vivre ensemble, aujourd’hui et demain, une "poétique" au sens d'Edouard Glissant ou de Kenneth White.

Il en découlera forcément le disparate. C'est-à-dire que le morcellement et l’émiettement favoriseront, avec des volontés d’autarcie,  les replis communautaristes. Voilà pourquoi un pacte commun évolutif est nécessaire. Il doit donner conscience à chacun de participer aux mutations d’une planète, chacun responsable du tout. De plus, ce mouvement redonnera espoir, volonté, fantaisie, à des individus qui peuvent maîtriser les conditions de leur quotidien.

Les excès de la globalisation furent en effet, plus encore que l’uniformisation générale, la déresponsabilisation, la construction de sociétés d’exécutants à qui était expliqué qu’il ne pouvait y avoir aucun autre mode de vie ni de pensée, médicalisés dès qu’ils se montraient inadaptés. La reprise en mains de l’initiative locale, l’imagination autour de soi, restent pourtant des leviers puissants de créativité, individuelle et collective.

Ils supposent la réévaluation du savoir et de la recherche. Seul le savoir permet en effet d’avoir des éléments d’appréciation pour choisir (et changer). Seule la recherche, et ses méthodes expérimentales, offrent des perspectives contradictoires et critiques. Les deux nous expliquent l’erreur parallèle du modèle unique --normalisation et robotisation--, et de l’explosion en autant d’égoïsmes, pragmatiques ou non : ni standardisation, ni protectionnisme, plutôt protection et circulation. Et pensées comparatistes, économies diversifiées, vraies consciences micro-macro.

C’est donc bien à une inversion des priorités et des valeurs que sous-tend l’évolution de ce monde : regarder en bas, regarder autour de soi, pour construire ensemble le tout. Les individus planétaires, pleinement conscients de la relativité, peuvent mettre en œuvre une vraie écologie culturelle pour diversifier la diversité en bâtissant un univers global évolutif. Changer ici pour dialoguer partout.

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