Je vais vous raconter une histoire bizarre qui ne cesse de m'amuser.
Au début du XXIe siècle, j'ai fait l'erreur
stratégique de rester dans le pays qui m'a vu naître : la France. Par
attachement et paresse sûrement. J'ai eu tort. En effet, ce pays a connu
alors un temps de forte constipation, de vieillissement généralisé,
comme si tout ne devait être que nostalgie tandis que les actifs sont
déconnectés : la "rétro attitude". Symptôme : ce pays oligarchique à
ascenseur social bloqué sacralise de vieux penseurs sclérosés qui ne
veulent pas dételer, laissant le terrain libre aux râleurs
réactionnaires rances. Bref, pas étonnant mais pas brillant.
Comme
d'autres, j'ai dû entrer dans la résistance et la clandestinité,
défendant toujours ce que j'estime être la qualité scientifique et de
création ("Résistance des savoirs" avec notamment l'émission
[decryptcult]). Un principe : ne jamais rien céder à la médiocrité
ambiante et à la veulerie --qui salissent ; ne jamais se résoudre à
l'absurde et à l'inacceptable.
Cela se fait avec des réseaux souterrains. J'ai poussé l'exercice jusqu'à l'aspect le plus minimal. En inventant, depuis mon atelier en sud-Corrèze à Hautefage, les Rencontres-Promenades "Histoires de passages..." J'y ai développé quelques principes qui me sont chers et ce fut très sympathique, sans chercher à communiquer hors du niveau local.
Mais ne vlati pas que le 7 août le magazine national Marianne fait un dossier en "une" sur le réveil des villages de France. Et qu'Argentat sur Dordogne est l'exemple de base avec 6 pages (et la repro de l'affiche de Cabu pour les Rencontres-Promenades). Le microscopique devient le signifiant car la qualité est là, la liberté, la mobilité. Chacune et chacun, partout, devient le centre du monde, le centre du "faire" possible dans les sociétés des spectateurs-acteurs. Inversion : les campagnes perdues innovantes inspirent les micro-quartiers des villes à totalement repenser.
C'est ce qu'exprime ce petit logo des multiterriennes et des multiterriens (les "MULTI"), qui défendent biodiversité et culturodiversité, le local-global et le rétrofuturo sur une planète occupée depuis l'origine de mutations et de migrations. Bref, plein de notions que je promeus depuis des années et qui émergent aujourd'hui. Un singulier-pluriel, du micro-macro montrant que nulle part est partout. Cela fait plaisir. Il a fallu que j'aille dans mon Guernesey pour que se confirment mes pressentiments... J'y suis bien.
BE MULTI !