En 1988, toujours magasinier en faisant un boulot de conservateur, je déménageais rue Beaurepaire, entre la place de la République et le canal Saint-Martin (grâce à mes parents, car je fais partie de la génération de la crise, qui a toujours tiré la langue). C'était populaire, avec plein de grossistes en tapis, des vieux alcoolos au bar prenant des blancs secs bombés dès l'aube. Avec mon ami Christian, on investira davantage le quartier en trouvant un atelier de couture très grand vers Belleville. On y tentera une aventure de phalanstère artistique débouchant sur créations et manifestations collectives. Dans le même temps, des amitiés, comme ici à Penne-du-Tarn avec Noël Arnaud, encore entouré de ses livres et oeuvres, à parler des Réverbères et de Dada, de la Résistance, de Picasso, Eluard (il avait le manuscrit original de "Liberté") et La Main à Plume, du surréalisme révolutionnaire, de Jorn et Dotremont avec Cobra, de Queneau, de Dubuffet et Jorn faisant de la musique, de Vian, de Debord et leur conférence en 1957, de Wolman, de Caradec, de Jarry, de Prévert, de Pérec et de l'OULIPO, de nos rires, de nos nuits assoiffées et du Jorn qui me réveillait dans la chambre, près de la terrasse aux cactées. Des morts vivants et des vivants défiant la mort. |