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Déportation |
Type de trace : livre et exposition |
date de parution : 1995 |
Voilà un moment important. J'ai eu le privilège de travailler avec François Bédarida, de parler avec Geneviève de Gaulle et Germaine Tillon, de retrouver le général Saint-Macary. Nous sommes allés en Allemagne avec Bédarida, avons organisé la première manifestation franco-allemande sur ce thème, visité des camps. Les survivants nous ont dit que le meilleur moyen de combattre le révisionnisme était de dire tout : l'horreur fut suffisante pour n'avoir besoin de rien cacher, ni d'augmenter les chiffres. Le temps de l'histoire était venu. Ainsi, nous avons parlé de la correspondance entre camps, nous avons dit que tous n'étaient pas des camps d'extermination. J'ai travaillé longuement sur les représentations contemporaines ou postérieures. J'interrogerai mon ami Boris Taslitzky. Simone Veil inaugurera la manifestation. Nous parlerons et je ne l'oublierai pas. A sa demande, plus tard, je ferai partie du Conseil scientifique de la Fondation pour la mémoire de la Shoah. Avec François Bédarida, nous aurons des discussions passionnantes et conniventes sur les dangers de l'instrumentalisation de l'histoire. Autant toute trace d'antisémitisme doit alerter, car c'est de toute façon le signe avant-coureur d'autres exclusions, autant tout communautarisme exclusif se servant d'un drame de l'histoire risque de se retourner contre ceux-là même qui en jouent. Je garde un grand respect pour Simone Veil et la rigueur intellectuelle de François Bédarida me manque (et son exceptionnelle épouse aussi). Il fera preuve ensuite de gestes d'amitié courageux envers moi et mes recherches, jusqu'à sa mort brutale. |
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Rêver demain. Utopies, science-fiction, cités idéales |
Type de trace : expo et livre |
date de parution : octobre 1994 |
Avec Thierry Paquot et Yolène Dilas, voilà une manifestation restée confidentielle. Et pourtant, elle vient du plus ancien de mes intérêts pour tous les utopistes du XIXe siècle : la prescience d'un temps libertaire inachevé, à remettre en route après les horreurs du XXe siècle. Claude Baillargeon invente l'image, qui dérange. Plus tard, j'aiderai l'exposition de la Bibliothèque nationale de France et de la New York Public Library sur les Utopies. Je visite le Familistère de Guise et aime les expériences qui fonctionnent (à Berlin ou au Danemark), les bâtisses (la Saline de Ledoux) qui s'érigent. Il faut remettre en route l'énergie quotidienne et la pensée mobilisatrice, sans illusions mais avec passion. Relancer le mouvement transformateur dans une atmosphère alors aberrante, "post-moderniste" de fin de l'histoire résignée. Personne ne s'y intéressa. Elle fut nécessaire, prophétique sûrement. |
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Affaire Dreyfus |
Type de trace : exposition et livre |
date de parution : avril 1994 |
C'est décourageant. Je fatigue. Il y a tellement de choses dans une année comme 1994. Sciant de se raconter et tant d'oublis aussi. J'ai connu mon affaire Dreyfus, quand le gouverneur des Invalides a interdit l'exposition en plein conseil d'administration du Musée de l'Armée, dont j'étais membre (nommé par Pierre Joxe, ministre de la Défense). Je pensais l'Affaire oubliée et m'intéressais à ce "tournant du siècle" si fertile avec mon ami Christophe Prochasson. Nous avions entraîné dans l'aventure (et dans le désordre) Michel Winock, Pierre Nora, Madeleine Rebérioux, Gérard Noiriel, Christophe Charle, Jacques Julliard, Pascal Ory, Maurice Agulhon, Pierre Birnbaum, Vincent Duclert, Philippe Dagen, et tant d'autres... Important ouvrage sur un moment si particulier (j'irai plus tard dans l'île du Diable). Joseph Hue, Directeur de la BDIC pendant toutes ces années, n'y croyait pas. Mais tout s'est vendu en 15 jours. François Léotard (ministre de la Défense alors), sentant le scandale, a limogé plusieurs militaires et le gouverneur en grande tenue était au vernissage. Conférence (pleine à craquer) au Musée d'Orsay sur dessin de presse et antisémitisme. J'avais demandé à mon ami Roman Cieslewicz de faire à nouveau une image pour le musée (Jean-Paul Bachollet, ex-Grapus, m'avais signalé sa situation financière difficile et son absence de commandes). J'aimais beaucoup Roman ce Kamikaze. Nous déjeunions rue du Dragon à l'italienne près de Penningen où il enseignait et fus dans le jury de sortie à sa demande. Une hémiplégie l'avait alors frappé mais il résistait avec Chantal à Malakoff. J'ai toujours aimé parler de choc d'images avec Roman. |
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analyses d'images |
Type de trace : livre |
date de parution : avril 1994 |
J'avais le choix : faire une thèse ou un livre. J'ai choisi le livre, même si Marc Ferro me poussait aussi à l'habiller en thèse. Ceci n'est pas la première édition (elle est enfouie chez moi et j'ai la flemme de chercher). On doit être à la cinquième version. L'éditeur y croyait moyennement (pas de filière, pas de public, pas de matière spécifique...) J'ai toujours fait des livres qui n'avaient aucun rayon en librairie. C'est terrible. Même mes amis n'en voyaient pas l'intérêt (pas chic, trop pédago et pratique...) Ce fut un très gros travail. J'ai fait des conférences aux Etats-Unis ou en Allemagne, où rien de semblable n'existe. Désormais, des traductions commencent. Mais être atypique et pluridisciplinaire se paie cher et longtemps. Par parenthèse, je proposais à Jean-Marie Cavada, président de La Cinquième (chaîne de télévision) naissante et censée être pédagogique, une émission de décryptage d'images de tous types. J'eus un coup de fil en mon absence (Noël 1994), puis plus rien et découvris "Arrêt sur images" de Daniel Schneiderman quelques mois après. J'écrivis à Cavada, pour recevoir une réponse embrouillée, gênée. Là, je compris la confiscation absolue par les journalistes de l'outil télévisuel. Deux autres expériences cuisantes, totalement semblables, suivirent à quelques années de distance. A la télévision désormais --contrairement aux débuts--, les journalistes parlent aux journalistes, même pour de la vulgarisation. Le spécialiste est un pantin non-payé, faire-valoir instrumentalisé et considéré comme emmerdant par principe. Nulle étonnement que la population, lorsqu'elle connait bien une question, soit totalement affligée par la manière dont elle est relatée. |
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Téléphagie touristes à Pompéi |
Type de trace : peinture dans boite métal peinte |
date de parution : mars 1994 |
Pendant ces années, je m'enfermais dans mon bureau bouleversé avec des bâches et entrais en transes. Je me souviens de ces touristes égarés sous le soleil, venus, touche après touche, dans l'appartement silencieux vers 7 heures du matin. Soleil derrière les volets. Nuit de carnage et sommeil comateux. Ils étaient là et apparurent. Temps d'égarement arraché à l'accumulation des activités rationnelles et à une vie familiale posée, étroite, heureuse. |
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Peintres d'histoire Napoli |
Type de trace : Photo sur 3 mètres |
date de parution : mai 1994 |
Là, il faut le reconnaître, mon ami Christian de Beaumont (Louis Rollinde) fut à l'origine de cette première exposition collective à Naples. Voilà la photo qui ornait, très grand format, l'entrée de l'Institut français de Naples. Jean-Noël Schifano a eu le mérite d'accueillir ce travail ambitieux, accompagné d'un catalogue-objet. Avec Christian, nous avons erré dans la ville, aimé ses recoins et légumes. Naples, excessive, nous a portés. Et des nuits. |
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Peintres d'histoire Paris |
Type de trace : exposition |
date de parution : octobre 1994 |
Galerie Pascal Gabert. J'ai fait un mur de "téléphagies". Près du Centre pompidou. J'aide l'expo sur la "Ville" au Centre, mais quelle ambiance (et il ne reste qu'un article signé par moi, sur la représentation des périphéries de villes)... J'avais prêté et aidé Paul-Hervé Parsy pour son expo de 1989 sur les situationnistes. Gabert très sympathique. Ghez a aidé amicalement à l'opération. On espère toujours plus de réactions. Je fais des séries photos d'images vidéo, d'images dans les images (pas présentées dans la revue-affiche). J'écris sur les expos. Debord se suicide. J'écris sur le temps. |
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Musées d'histoire en Europe |
Type de trace : congrès et colloque |
date de parution : 1994 |
Paris, second congrès de l'Association internationale que je préside. Publié avec retard en 1997. Ouverture plein Est et un sacré bilan sur les frontières en tous genres. Mutations. Je fais l'oeuvre de couverture, qui est un jeu très grand format sur les transparences avec panneaux mobiles en plexiglas. |
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Peintres d'histoire 13 |
Type de trace : revue-affiche |
date de parution : juillet 1993 |
Gilles Ghez nous avait rejoint avec son monde d'histoires en boîtes. Je travaillais sur la guerre en Irak. Le photographe des fentes de porte, Erich Salomon, était à l'honneur. Nous commencions à préparer une exposition à Naples. |
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Images et colonies |
Type de trace : livre d'expo |
date de parution : octobre 1993 |
Je voulais travailler sur l'exorisme et la question coloniale historiquement, car je ne me sens aucune culpabilité. De jeunes historiens avaient vu mon expo sur la propagande sous Vichy. Ils avaient décidé alors de travailler sur la propagande coloniale. Tout le monde me dissuadait de les associer à l'exposition. Je déteste le mandarinat. Mais ce fut un calvaire avec des spécimens qui en voulaient toujours plus. Le travail dans les réserves du Musée des arts d'Afrique et d'Océanie avec Dominique Taffin fut passionnant et à Boulogne avec Emmanuel Bréon. Je m'eforçais de ne tomber dans aucune vision simplificatrice (ni la repentance, ni la célébration). Le colloque de l'ICOM au Sénégal fut passionnant et je montais une déclinaison de l'exposition avec mon ami Abdoulaye Camara au Musée historique du Sénégal dans l¨île de Gorée. Ce sont les historiens africains qui expliquaient que la période coloniale faisait partie de l'histoire. L'art colonial apparut aussi comme une hybridation échappant au racisme et au ridicule. Bref, un travail tout en nuance qui n'excluait pas pour autant cette extraordinaire incapacité --longtemps pour les Européens-- à reconnaitre aux Africains une histoire et même le fait d'être humains. |
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